Hastío, poema de Fernán Silva Valdés

 Poème « Hastío » de l’écrivain uruguayen Fernán Silva Valdés (1887-1975) publié dans son recueil Agua del tiempo (1925)

Hastío     

Paseo mis hastíos de señor indolente,

Con el sombrero a un lado y las manos atrás;

Andando sin mirar veo pasar la gente,

Y estoy tan aburrido que ya no puedo más.

Mis tobillos parece que arrastraran cadenas;

Siento la boca amarga y me arden las penas.

Me he sentado en un banco de la plaza,

Distraído al saludo del amigo que pasa

Y al crepúsculo hermoso que ni veo siquiera;

Porque yo siempre estoy con un pie en la Quimera.

A la sombra del aburrimiento,

Me lamento

Como un hombre vulgar, y digo que la vida

Es mala, que la vida me agobia;

Fulano me aconseja: búscate una querida;

Y me ha dicho mi madre: te hace falta una novia.

Deben tener razón;

Una novia ha de ser como una ilusión

Que se puede tocar

Y se puede besar.

Deben tener razón;

Siempre tienen razón.

La busco con afán, la busco con cariño;

Todos me dan consejos como si fuera un niño;

Y Sancho – siempre panza – dice: que tenga plata;

Quijano – siempre loco: – que sea una princesa;

Y yo no sé qué hacer …

Una princesa es mucho y es poco una burguesa;

Yo busco un corazón dentro de una mujer.

***

Lassitude

Je promène mes lassitudes d’homme indolent,

Le chapeau sur le côté et les mains dans le dos ;

Marchant sans regarder, je vois les gens,

Et je suis si las que je n’en peux plus.

On dirait que mes chevilles traînent des chaînes ;

Je sens ma bouche amère et mes chagrins me brûlent.

Je me suis assis sur un banc de la place,

Ignorant le bonjour de l’ami qui passe

Et le beau crépuscule que je ne vois même pas ;

Parce que j’ai toujours un pied sur la Chimère.

À l’ombre de l’ennui,

Je me lamente

Comme un homme vulgaire, et je dis que la vie

Est mauvaise et que la vie m’accable ;

Untel me conseille : cherche-toi une chérie ;

Et ma mère m’a dit : il te faut une fiancée.

Ils doivent avoir raison ;

Une fiancée sera peut-être comme une illusion

Que l’on peut toucher

Et que l’on peut embrasser sur la bouche.

Ils doivent avoir raison ;

Ils ont toujours raison.

Je la cherche avec ardeur, je la cherche avec tendresse ;

Tout le monde me conseille comme si j’étais un enfant ;

Et Sancho – toujours panse – dit : qu’elle ait de l’argent ;

Et Quijano – toujours fou : – qu’elle soit une princesse ;

Et moi je ne sais que faire …

Une princesse c’est beaucoup et une bourgeoise c’est peu ;

Moi je cherche un coeur dans une femme.

Traduction, Marlene Moret

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