La gran aventura de mi vida ha sido la literatura, sin ninguna duda, no solo lo que he escrito, sino lo que he leído. La lectura, experiencia fundamental para mí, me ha hecho vivir de una manera maravillosa, y por eso veo con cierta angustia la posibilidad de que la lectura pudiera ir, no desapareciendo, pero sí empobreciéndose cada vez más, llegando a menos gente. La lectura ha sido una fuente tan rica de goce, de placer, justamente de vivir las vidas intensas de la aventura, que se cegaría una fuente fundamental de la vida si la lectura pasara a ser en el futuro una actividad de minorías, de catacumbas. |
La grande aventure de ma vie a été la littérature, sans aucun doute, pas seulement ce que j’ai écrit mais ce que j’ai lu. La lecture, expérience fondamentale pour moi, m’a fait vivre d’une merveilleuse manière, et c’est pour cela que je vois avec une certaine angoisse la possibilité que la lecture tende peu à peu, non à disparaître, mais bien à s’appauvrir de plus en plus, atteignant à moins de gens. La lecture a été une source tellement riche de jouissance, de plaisir, donnant précisément à vivre les vies intenses de l’aventure, qu’une source fondamentale de la vie serait tarie si, à l’avenir, la lecture deviendrait une activité de minorités, de catacombes. |
Mario Vargas Llosa, écrivain hispano-péruvien, Prix Nobel de Littérature en 2010, interviewé par le journaliste et écrivain sévillan Juan Cruz à l’occasion de la publication de son dernier roman, Cinco esquinas. J’ai tiré de cet entretien ces réflexions de Vargas Llosa sur la lecture, entre émerveillement et pessimisme pour l’avenir.
Ce fragment porte un paragraphe suivi. Les phrases sont ici séparées pour faciliter la lecture de l’original et de sa traduction en français.
L’article vaut la peine d’être lu en entier.
Source :
http://cultura.elpais.com/cultura/2015/10/22/babelia/1445520280_937768.html
Marlene Moret