Miguel Hernández, né en 1910 à Orihuela (Alicante), est un grand représentant de la poésie espagnole. Il fut un défenseur des valeurs démocratiques : il se rangea du côté des Républicains pour lutter contre les Insurgés dirigés par Francisco Franco et qui voulaient empêcher la continuité de la Seconde République. Durant la Guerre Civile Espagnole (1936-1939) il ne cessa de lutter et d’écrire. En 1939, il fut incarcéré, torturé, déplacé dans plusieurs prisons et maintenu en des conditions infra-humaines. Il mourut de tuberculose en 1942.
Son incarcération signifiait être loin de sa femme et de ses enfants. Il y continua d’écrire des poèmes qui furent compilés dans Cancionero y Romancero de ausencias entre 1938-1941, livre de publication posthume.
Voici quelques strophes d’un poème représentatif de sa profonde souffrance d’absence et de son amour qui firent la présence de son fils : “Nanas de la cebolla”. Ce poème est interprété par Joan Manuel Serrat, chanteur catalan.
Poème incomplet en raison de droits d’auteur.
Nanas de la cebolla
La cebolla es escarcha cerrada y pobre. Escarcha de tus días y de mis noches. Hambre y cebolla, hielo negro y escarcha grande y redonda. En la cuna del hambre mi niño estaba. Con sangre de cebolla se amamantaba. Pero tu sangre, escarchada de azúcar, cebolla y hambre. Una mujer morena resuelta en luna, se derrama hilo a hilo sobre la cuna. Ríete, niño, que te traigo la luna cuando es preciso. Alondra de mi casa, ríete mucho. Es tu risa en los ojos la luz del mundo. Ríete tanto que en el alma, al oírte, bata el espacio. Tu risa me hace libre, me pones alas. Soledades me quita, cárcel me arranca. Boca que vuela, corazón que en tus labios relampaguea. Es tu risa la espada más victoriosa. Vencedor de las flores y las alondras. Rival del sol. Porvenir de mis huesos y de mi amor. (…) Desperté de ser niño; nunca despiertes. Triste llevo la boca. Ríete siempre. Siempre en la cuna defendiendo la risa pluma por pluma. Ser de vuelo tan alto, tan extendido, que tu carne parece cielo cernido. ¡Si yo pudiera remontarme al origen de tu carrera! Al octavo mes con cinco azahares. Con cinco diminutas ferocidades. Con cinco dientes como cinco jazmines adolescentes. (…) Vuela niño en la doble luna del pecho. Él, triste de cebolla. Tú, satisfecho. No te derrumbes. No sepas lo que pasa ni lo que ocurre. |
Berceuse de l’oignon
L’oignon est du givre fermé et pauvre. Givre de tes jours et de mes nuits. Faim et oignon, Glace noire et givre grand et rond. Dans le berceau de la faim mon enfant se trouvait. Le sang d’oignon il tétait. Mais ton sang, givré de sucre, d’oignon et de faim. Une femme brune sûre d’elle en lune, se répand fil à fil sur ton berceau. Ris, mon enfant, car je t’apporte la lune quand il est nécessaire. Alouette de ma maison, ris beaucoup. Ton rire dans tes yeux est la lumière du monde. Ris autant pour que mon âme, en t’écoutant, soit vainqueur de l’espace. Ton rire me rend libre, me donne des ailes. ôte mes solitudes, m’arrache de prison. Bouche qui s’envole, coeur qui dans tes lèvres scintille. C’est ton rire l’épée la plus victorieuse. Vainqueur des fleurs et des alouettes. Rival du soleil. Avenir de mes os et de mon amour. (…) Je me réveillai d’être un enfant ; ne te réveille jamais. Triste j’ai ma bouche. Ris toujours. Toujours dans ton berceau à défendre le rire plume par plume. Être d’un vol si haut, si large, tant que ta chair semble ciel déployé. Si je pouvais me rendre à l’origine de ta course ! Au huitième mois avec cinq fleurs d’orangers. Avec cinq minuscules férocités. Avec cinq dents comme cinq jasmins adolescents. (…) Vole enfant sur la double lune de ma poitrine. Lui, triste d’oignon. Toi, satisfait. Ne t’écroule pas. Ne sache ce qui se passe ni ce qui arrive. Miguel Hernández, Cancionero y romancero de ausencias, 1941-1942. |